Thierry Mandon l’Edito
Sommaire de Thierry Mandon, porte parole de Rénover Maintenant Verre vide, verre plein ? Après un début de nuit blanche, la soirée s'étant achevée vers 1h30 du matin, le parti s’est doté d'un projet pour la prochaine élection présidentielle. Les plus attachés au fonctionnement démocratique du parti - dont nous sommes - rappellerons qu'il reste à franchir l'étape du vote militant. Mais ce scrutin est considéré comme une curiosité par une direction qui a interdit tout texte alternatif et tout amendement, obligeant les fameux" adhérents du projet" a un apprentissage accéléré des moeurs soviétiques du parti d'aujourd'hui. Dans ce parti sans règles, quel regard peut on porter sur le texte issu des travaux en vase clos de la commission du projet ? Adopté a la quasi unanimité (abstention d'Arnaud, de Jean Luc Mélenchon, vote contre de Filoche et Dolez), il rejoint la longue liste des textes votés sous le magistère de l'actuel 1 sur tout effort de clarification de ligne. Sur le fond, personne n'y retrouve vraiment son compte. Le texte dans son ensemble n'est défendu par aucun leader, chacun se contentant de souligner en quoi son apport a été décisif dans la synthèse obtenue. C'est la promotion à la découpe, version minimale d'un compromis qui permet à tous de sauver la face. Cet équilibre fragile dissimule quelques heureuses avancées en matière fiscale,sociale mais l'ensemble manque cruellement de dynamique et d'une véritable lecture de l'état d'urgence sociale et démocratique de notre société. Sur le fond, le verre est presque vide. Mais,dans le contexte d'éclatement manifeste de la synthèse du Mans sous l'effet de la compétition pré présidentielle, la capacité des socialistes, quand ils s'adressent à leur électorat et au pays, de donner le sentiment du rassemblement, n'est pas inutile. Si la fonction du projet était de démontrer que les socialistes sont capables de passer les compromis minimums pour faire face ensemble à la droite, l'exercice n'aura pas été vain. Le message est utile, il permet de crédibiliser notre action collective dans la campagne qui s'ouvre. De ce point de vue, le verre est presque plein. Par conviction rénovatrice nous persistons à croire qu'il est possible de rassembler en faisant des choix véritables.Quelque chose nous fait même craindre qu'à différer toujours le moment des arbitrages, notre parti se prépare des lendemains douloureux. Dans quelques jours il nous faudra pourtant choisir. Bien sûr nous aurions aimé pouvoir voter le projet, bien sûr nous aurions aimé qu'il puisse être le socle de la mobilisation collective des socialistes. Mais est-il possible de faire semblant ? Est-il possible de faire comme si on ne voyait pas les limites d'un projet qui, à peine rédigé, est oublié tandis que les candidats s'en distancient ? Poser ces questions c'est déjà y répondre. La rénovation sera un long chemin. Continuons à montrer qu'elle ne se construira pas sur les renoncements.